German ARCE ROSS, mai 2013

Entretien accordé à Anna Toscano, journaliste à la télévision (M6).

Comme résultat d’une progression soutenue dès le début du XXème siècle, nous observons des transformations anthropologiques très importantes et inédites du corps dans la société dite occidentale. Ces mutations impressionnantes partent d’une sur-puissance de l’image en général et de l’image du corps en particulier. Elles prennent racine principalement dans une perversion sociale du regard en alliage avec la tendance diffuse à un individualisme égalitariste et communautaire, notamment depuis les années 60. Un nouveau moralisme, totalisant et sournoisement totalitaire, s’impose ainsi en poussant le sujet vers une fuite en avant à la recherche effrénée des signes imaginaires d’un bien-être virtuel.

Dans cette nouvelle organisation perverse, contraire à la hiérarchisation de la loi symbolique du Père, ce n’est plus l’ordre de la différence sexuelle, ni celui de la famille ordonnée autour de l’autorité paternelle, qui orientent un lien social et un partage inter-subjectif désormais en complète déliquescence. Plus précisément, dans cette organisation asociale, ou plutôt sociétale car collectiviste, toutes les valeurs deviennent interchangeables et équivalentes. Elle est construite à partir d’une multiplicité de fétiches communautaires, individualistes et imaginaires qui se posent comme autant des versions artificielles de contre-pouvoir, en lieu et place du Père symbolique.

Le nouveau surmoi ainsi créé, hyper-tyrannique mais diablement efficace par la féroce servitude volontaire qui lui est attaché, produit une mutation radicale de notre relation au corps.

German ARCE ROS, mai 2013

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