German Arce Ross, Paris, le 5 mars 2017

Le Diagnostic de Psychose maniaco-dépressive 4/5

La relation de la mère avec son bébé peut être substantiellement modifiée en fonction d’événements forts qui concernent la vie psychique, ou relationnelle, de la mère. Surtout s’il s’agit d’événements catastrophiques d’un certain type.

En général, pour qu’un événement intersubjectif devienne traumatique, ou traumatisant, il faut que l’élément factuel qui effectivement a lieu dans l’histoire du sujet soit doublé d’une valeur traumatique (répétitive, angoissante) qui ne lui appartient pas forcément d’emblée. Il faut bien que quelque chose d’extérieur ou de différent au factuel apporte cette valeur, ce sens, cette signification. Sinon, il peut exister des cas où la valeur traumatique ne se connecte pas, ne s’imprime pas chez le sujet en tant qu’angoisse localisée par exemple.

Dans le cas des événements intersubjectifs à l’origine de la psychose maniaco-dépressive (PMD), on ne trouve pas forcément des actes de violence ou de maltraitance du sujet lorsqu’il était enfant. C’est-à-dire que, dans le cas de la PMD, il y a des événements intersubjectifs qui n’appartiennent pas forcément à la stricte relation mère-enfant ou à la relation père-enfant. Ces événements peuvent venir de la vie précoce et familiale de la mère, ou du père ou des deux indépendamment. Les événements intersubjectifs de la PMD peuvent aussi provenir des générations précédentes dont la valeur affective peut être transmise en cascade par la relation parent-enfant.

Ainsi, il se peut que par exemple la mère souffre et exprime devant l’enfant une souffrance ou une douleur psychique et profonde que celui-ci ne peut localiser, ou ne peut identifier, dans aucun événement de leur vie quotidienne. Dans ce cas, l’enfant peut alors facilement fantasmer des théories sur les origines de cette souffrance maternelle et être amené à s’identifier à l’objet indigne, à l’objet extrêmement douloureux de la mère. Ceci a à voir avec un autre élément, en plus des événements intersubjectifs, et qui est à repérer dans la relation des relations intersubjectives dans cette famille, entre parents et enfant, par le biais de certains signifiants négativement sur-chargés, ou affectivement sur-évalués, ce que la psychiatrie classique allemande appelait les ober-vorstellung ou ce que j’appelle les facteurs blancs.

Enfin, nous avons également la relation plus directe du petit sujet à l’affect. En général, quand on a des enfants, on vient immédiatement à les aimer, même avant leur naissance. Mais il y a des cas où l’affect qui vient de l’Autre maternel, ou de l’Autre paternel ou des deux, n’est pas l’amour mais un affect vide, un affect éteint ou au contraire un amour rempli d’une angoisse diffuse.

Comment un enfant ayant baigné dans une telle atmosphère angoissante, ou dans une ambiance vide d’un amour constructif, peut-il développer autre chose qu’un enfermement psychique dans un univers noir où les identifications au déchet priment sur l’espoir en l’amour ?

Un enfant ayant vécu cette expérience du manque d’affect ne développe-t-il pas l’affect d’un manque d’affect ?

Réponses aux élèves du Lycée Polyvalent d’Alembert, Paris 19ème.

German Arce Ross, Paris, le 5 mars 2017

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