German ARCE ROSS, Paris, le 23 novembre 2014.

Interview accordée aux étudiants de Master en Journalisme à Sciences Po Paris.

Nous vivons depuis longtemps sous une chute vertigineuse de toutes les figures d’autorité dans la société occidentale, à tel point que l’on voit une inversion des relations parents-enfants, telle que l’hyper permissivité par exemple.

Pourquoi la maltraitance exagérée ou la violence envers les enfants doit être condamnée et bannie des relations parents-enfants, ou des relations adultes-enfants ? Qu’est-ce qui se passe psychologiquement chez l’enfant lorsqu’il i y a eu une violence avérée envers lui ? Il se trouve que si cela arrive, cet enfant-là ne pourra pas, au niveau psychique et profond, intégrer adéquatement le rapport aux limites et aux interdits. Il ne saura pas jusqu’où il pourra emmener sa pulsion de mort, sa pulsion agressive, ni jusqu’où il pourra aller dans sa sexualité.

Nous sommes convaincus que, dans une relation parents-enfants sans autorité, les repères les plus subtils psychologiquement parlant deviennent forcément flous. Mais, est-ce que contrairement à cela la fessée ne serait pas une opération encadrante ? Pour y répondre, il faudrait observer de quelle manière et dans quel contexte cette action s’exerce. Une petite punition corporelle avec la main ouverte, accompagnée d’un message verbal dans un contexte situationnel précis, ne devrait pas être considérée comme une véritable violence et peut aider à produire une transmission de sens et de signification. En outre, des petites punitions comme celle-là ne sont pas vraiment plus intenses que les coups accidentels ou volontaires que les enfants sont habitués à recevoir dans les jeux avec les autres enfants. Dans le cas d’une petite punition corporelle, très légère, l’enfant ne pleurera pas tant par la douleur physique produite, mais bien parce qu’elle implique pour lui une suspension temporaire de l’amour du parent.

Il est évident que la société occidentale produit aujourd’hui des formes insoupçonnées et impressionnantes de violence, la plupart auto-induites, ou auto-punitives, comme les suicides altruistes, les homicides inter-parentaux, les crimes collectifs perpétrés par des lycéens, les tournantes, la haute toxicomanie, l’alcoolisme, le tabagisme, etc. Sans la médiation punitive d’un père, notre rapport au corps est devenu violent et souvent incontrôlable. De ce fait, la fessée ou la punition symbolique, pour ne pas être une simple violence et pour avoir un sens de transmission opérant, doit être un véritable code symbolique. Ce n’est qu’en tant que code linguistique que la fessée ou la punition corporelle peuvent éventuellement prémunir, dans certains cas, les enfants de leur propre violence.

German ARCE ROSS, Paris, le 23 novembre 2014.

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