German ARCE ROSS. Paris, novembre 2016.

Réponses aux questions des étudiants de l’ISCOM Paris, Institut Supérieur de Communication et Publicité

Pour comprendre le sujet maniaco-dépressif dans le milieu professionnel, il faut prendre en compte le fait qu’il éprouve souvent des angoisses qui ne sont pas en lien avec des objets d’échange, ni avec des questions de valeur ni avec des réactions affectives aux événements de perte, mais bien des angoisses de mort.

Lors de ces phases, le sujet lui-même peut se considérer comme une catastrophe ou comme un facteur de ruine ou d’indignité pour lui, pour ses proches et pour les autres. Ce qu’il fait n’a aucune valeur pour lui-même. Ces pensées et affects négatifs le laissent cependant souvent dans un état d’inhibition qui l’empêche, paradoxalement, de passer à l’acte suicidaire. Et ceci, même si ses pensées sont peuplées par des ombres suicidaires.

Dans le domaine du travail, le plus grand souci se trouve dans les relations humaines et non pas tellement dans les questions liées à l’accomplissement des tâches à réaliser. Ceci, du fait de sa grande aptitude à la création, à l’invention, à la production d’oeuvres originales. Car le sujet maniaque peut être très productif, posséder parfois une tendance à la génialité ou à l’originalité, il peut ne pas prendre des vacances pendant des années et travailler plus de 12 heures par jour…

Parfois, l’amour et la construction d’un couple peuvent venir calmer ses tendances les plus pathologiques. Cependant, il peut avoir des risques pour le conjoint notamment parce que le couple maniaco-dépressif peut dériver vers ce que j’appelle la secte-à-deux ou le couple reclus. Dans la construction d »un couple, la psychopathologie change de localisation.

De par sa tendance à se déconnecter du monde, les relations humaines au travail qui posent le plus problème ne sont pas forcément celles hiérarchiques, mais principalement les relations horizontales. Pour cela, le travail avec des machines peut être conseillé, mais à condition que ces machines ne soient pas dangereuses pour les autres ou pour lui-même, comme les bus, les camions ou les avions, et à condition qu’il les manie tout seul, sans usagers.

Le PMD a une grande aptitude à travailler dans la solitude la plus totale. Designer, peintre, écrivant, acteur, comédien, metteur en scène, réalisateur, musicien, utilisateur d’ordinateurs, informaticien, documentaliste, chercheur, enseignant, concepteur, illustrateur, géomètre, architecte, philosophe, idéologue, homme politique, directeur d’entreprise, etc., peuvent être les métiers ou les professions adéquates pour ce type de sujet.

Comment se traduit la discrimination si elle a lieu et quelles sont ses répercussions ?

Le sujet maniaco-dépressif est misanthrope. Il considère que la part humaine qu’il a en lui ne vaut pas grand chose. C’est ainsi que s’il y a une question de discrimination au travail, elle est surtout celle que le sujet maniaco-dépressif opère sur lui-même.

 

Bibliographie

ARCE ROSS, German, Manie, mélancolie et facteurs blancs. Préface du Professeur Georges Lantéri-Laura. Collection Le Miroir des Savants. Beauchesne, Paris, 2009

ARCE ROSS, German, La Fuite des événements. Les Angoisses altruistes dans les suicides maniaco-dépressifs, Huit Intérieur Publications, Paris, 2016

 

German ARCE ROSS. Paris, novembre 2016.

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