German ARCE ROSS, Paris, octobre 2013.

Après l’abandon maternel, il y a parfois un rôle ambivalent joué involontairement par exemple par la belle-mère. Il s’agit, dans le cas présent, d’un rôle opératoire, et nécessaire, dans l’économie des échanges affectifs. Vis-à-vis de la belle-mère se jouent les réactions affectives en attente, derrière la chape de mépris, à l’encontre de la mère, celle que Virginie T. appelle « l’autre ».

Derrière ce rôle, déjà si difficile à tenir pour plein de femmes auprès des enfants du nouveau compagnon, se trouve au fond la place, centrale, dominant la fonction paternelle, et qui est celle de la grand-mère paternelle. Très probablement, c’est elle qui a véhiculé un lien nouveau, et cette fois non toxique, envers l’Autre maternel. C’est grâce à elle que Virginie T. peut passer d’une maternité de chair à une maternité de coeur.

Dans « la Femme de trente ans », Honoré de Balzac parle de deux formes de maternité pour une même femme qui devient mère. Il y a des cas où, pour plusieurs raisons, comme par exemple la mort très précoce de la mère de la mère, un enfant peut devenir une création manquée. C’est-à-dire que l’enfant est seulement pris sous le registre du devoir maternel. Du coup, la mère s’occupe très bien de son enfant, lui procure tout ce dont il a besoin, sauf qu’elle ne l’a pas véritablement dans son coeur. Elle ne peut pas. C’est simplement impossible pour elle.

Ce lien affectif, principalement de devoir maternel, établit au moins pour ne pas abandonner l’enfant malgré tout, est appelé la maternité de chair. Dans ce cas-là, l’enfant peut être pris comme une négation de l’autre maternité, la maternité de coeur. Ce profond mépris peut venir s’installer progressivement chez l’enfant, sous la forme de regards mélancoliques, de pensées sombres et d’une grande solitude, dans l’abîme créé entre la maternité de chair et la maternité de coeur.

Virginie T., une jeune femme de 28 ans, nous livre ici un témoignage très poignant sur l’abandon maternel dont elle a été l’objet à l’âge de 6 ans. Il s’agit ici d’un condensé d’un témoignage plus approfondi qui a été publié dans un livre électronique, sous le titre : L’Éducation d’une handicapée sentimentale, en 2013.

Références bibliographiques :
Honoré de Balzac [1829-1842], La Femme de trente ans. Gallimard, Paris, 1977.
Virginie T., L’Éducation d’une handicapée sentimentale. Les Éditions du Net, 2013.

German ARCE ROSS, Paris, octobre 2013.

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