German Arce Ross. Paris, mars 2017.

La Psychose maniaco-dépressive est-elle une maladie ? 1/2

La psychose maniaco-dépressive est-elle une maladie organique, un déficit biochimique ou neurologique, un handicap comportemental, une perturbation psychosomatique, une variance structurale purement signifiante ou une convergence d’événements intersubjectifs très particuliers ou encore une déstructuration mentale ? Mais qu’est-ce qu’on appelle le mental et comment le situer dans l’histoire d’un sujet ? Et d’ailleurs, la santé mentale existe-t-elle vraiment ?

En plus de la théorie surannée de l’aliénation mentale et la définition un peu imprécise de structures pathologiques, le terme de maladie mentale, qui est le seul que nous avons aujourd’hui pour identifier les ensembles logiques en psychopathologie, demeure une appellation inadéquate et très problématique.

Pour l’instant, là où nous en sommes dans le développement d’une théorie psychogénique des psychoses, nous n’avons malheureusement pas encore un terme adéquat pour remplacer celui de maladie mentale, lequel est un terme qui vient de la médecine ou de la psychiatrie biologique. Nous devons, progressivement, avancer dans la construction d’une psychopathologie affranchie de l’étiologie biochimique, comportementale et neurologique, et cela passe passe également par le choix pertinent des mots à utiliser.

Nous ne voulons pas dire que la psychose maniaco-dépressive n’ait pas des effets sur le somatique et que ces effets requièrent souvent un traitement directement psychiatrique, non seulement en termes de séjours de rupture dans les hôpitaux mais aussi en termes de support pharmacologique.

Concernant ce qui serait une déstructuration psychique de la psychose maniaco-dépressive, par convergence d’une série d’événements intersubjectifs dramatiques, tragiques ou catastrophiques, je peux nommer trois éléments très importants dans l’histoire du sujet.

Premièrement, nous avons le rapport du sujet à ce que j’appelle les événements inter-subjectifs. Notons ici qu’en plus de ce qui arrive dans l’événement factuel de l’histoire familiale, nous devons également percevoir la grande importance du mode de récit qui accompagne et réorganise symboliquement, ou fantasmatiquement, l’événement. Ceci implique le style de sa narration, ses omissions, ses lacunes, ses secrets, ses non-dits… ainsi que les modifications de la valeur narrative, voire ce à quoi ces événements peuvent être associés par le récit qui prime dans la famille.

Texte et voix : German Arce Ross, Paris, mars 2017.

Bibliographie

ARCE ROSS, German, Manie, mélancolie et facteurs blancs. Préface du Professeur Georges Lantéri-Laura. Collection Le Miroir des Savants. Beauchesne, Paris, 2009

ARCE ROSS, German, La Fuite des événements. Les Angoisses altruistes dans les suicides maniaco-dépressifs, Huit Intérieur Publications, Paris, 2016