German ARCE ROSS. Paris, 2005, 2013.

Une première version de ce texte a été publiée sous le titre « Syndrome de Cotard et fuite des idées », L’Évolution psychiatrique, Vol. 70, 1. Elsevier, Paris, 2005, pp. 161-176.

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Photo : German Arce Ross, « Le Fantôme et la vanité », 2013

Partant d’un cas de mélancolie anxieuse présentant un délire de négation d’organes, de négation de la mort et de négation de la parole, nous voulons montrer, d’une part, la spécificité du syndrome de Cotard dans la clinique de la psychose maniaco-dépressive. D’autre part, il s’agit d’étudier, autour des événements de corps et des signifiants surévalués, les liens logiques entre le syndrome de Cotard et la fuite des idées, le symptôme maniaque par excellence. Suivant ce que ce cas nous enseigne, nous pouvons considérer la parole liée à la sphère cotardisée du corps, sans trous et fuyant toujours vers le même point, comme une sorte de fuite des idées ordonnée. De son côté, ce qu’on appelle la fuite confuse des idées, une fuite expansive et autodestructrice, serait à comprendre comme l’envers de la parole cotardisée, où l’on trouve les événements de corps sous-jacents à une figure sphérique ou figée : ceux qui s’orientent vers l’acte.

Ce parcours pourra nous aider à affiner notre conception des facteurs blancs dans la mesure où ils peuvent être pris comme des métonymies de la forclusion de la fonction paternelle. Autrement dit, cette étude peut nous amener également à déduire que la forclusion est à concevoir comme une opération partielle.

Syndrome de Cotard et structure psychotique

La place du syndrome de Cotard dans la structure psychotique a posé des questions dès la présentation des travaux de J. Cotard, un peu plus tard lors du Colloque de 1892 ainsi que dans les travaux de J. Séglas. Il est ainsi devenu légitime de s’interroger sur l’éventualité que le syndrome de Cotard représente une catégorie psychotique spécifique, ou bien qu’il appartienne uniquement à la mélancolie anxieuse, ou bien qu’il soit présent également dans d’autres psychoses, voire dans toutes. Pour Cotard lui-même, les symptômes décrits en 1880 constituaient tout d’abord non pas une structure psychotique singulière mais plutôt un délire hypocondriaque appartenant à la mélancolie anxieuse grave [1] ; ensuite, en 1882, il note les différences du délire des négations avec le délire des persécutions et des grandeurs [2]. C’est à partir de ce deuxième texte que la notion de syndrome, dont l’appellation plus tardive est due à Régis [3], peut prendre tout son sens et que l’hypothèse d’une véritable nouvelle maladie est formulée, quoique Cotard ait noté que son syndrome peut coexister avec d’autres maladies mentales comme l’hystérie et la paralysie générale ou avec d’autres délires, tel que celui des persécutions. À cet égard, déjà en 1892, Séglas s’interroge sur la présence du délire des négations dans la paranoïa (folie systématisée) [4] et, lors du même colloque, d’autres cliniciens présentent des observations du Cotard dans la folie sénile (Charon), ([5], p. 102) ou dans des accès de folie « franchement maniaque » (Journiac), ([5], p. 104).

On trouvera la suite de ce texte in: La Fuite des événements. Les Angoisses altruistes dans les suicides maniaco-dépressifs.

German ARCE ROSS. Paris, 2005, 2013.

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