German ARCE ROSS. Paris, 1999.

À propos du livre de Jacques-Alain MILLER, Logiche della vita amorosa, Astrolabio, Roma, 1997.

Texte publié par German ARCE ROSS, sous le titre « Logique de l’amour lacanien », in : La Cause freudienne, 40. ECF, Navarin Seuil, Paris, 1999, p. 147

Dans une présentation très élégante, sobre et esthétique, dont les Italiens possèdent le tour de main, le goût et la sensibilité, trois textes de Jacques-Alain Miller datant de deux années différentes se suivent dans la langue de Dante, de façon non pas chronologique mais thématique : « Logiques de la vie amoureuse », (Buenos Aires, 1989), « Symptôme et fantasme », (Buenos Aires, 1983) et « Sur le Gide de Lacan », (Paris, 1989) ; ce dernier étant le produit de son séminaire de Doctorat que certains regrettons encore aujourd’hui pour la richesse des échanges.

Il s’agit d’articuler la structure des différentes conditions d’amour avec la logique de l’objet a. Selon la thèse de Jacques-Alain Miller, une logique du pas-tout est présente de façon globale dans la structure du langage et donc dans les structures cliniques, mais aussi dans l’ensemble de l’ expérience analytique et plus particulièrement dans la variabilité de la durée des séances. Cette logique se supporte du supplément au pas-tout de la structure, c’est-à-dire de l’ élément non-signifiant, détotalisant et à signification absolue appelé objet a.

Pour J.-A. Miller, si l’entrée en analyse s’effectue sous la forme du symptôme d’amour, la sortie se ferait par la passe. Selon la logique du fantasme fondamental, l’objet a serait ce qui rend l’analyse finie et de la même manière, à la fin de chaque séance, on retrouve l’objet a comme ce qui reste à dire, comme ce qui permet la scansion. Mais ne retrouvet-on pas, à la fin de l’analyse et dans la passe elle-même, le même symptôme d’amour qu’à l’entrée, bien que modifié ?

L’objet a comme condition d’amour absolue est à mettre en perspective avec la clinique des psychoses et avec celle de la fin de la cure pour dégager les coordonnées d’un réel de l’amour. Il nous semble à cet égard très important de souligner l’apport de Jacques-Alain Miller concernant la passe en tant que nouvelle invention clinique. Ainsi, en plus des conditions subjectives où l’amour est absolu, persécuté, indigne, insatisfait, prévenu ou impossible, nous pouvons définir avec Jacques-Alain Miller la condition proprement analytique où l’amour est passe, dans la mesure où selon lui « la passe est conditionnée par l’amour ». Cet amour réel rendrait possible l’étroite connexion entre amour et pulsion de mort, au détriment de la relation aux exigences du surmoi, qui se situe au-delà de la dialectique utilitaire du plaisir.

L’amour lacanien serait ainsi une invention — peut-on l’entendre comme cinquième concept fondamental de la psychanalyse ? Il ne serait ni une répétition comme l’amour freudien ni une relation génitale adulte comme l’amour post-freudien, mais une invention de savoir permettant par exemple, à un sujet multipliant les rencontres féminines dans sa vie amoureuse, de se faire finalement aimer d’une seule femme.

Dans le traitement clair, précis et argumenté que fait Jacques-Alain Miller de l’amour lacanien, on passe d’une lecture freudienne donc oedipienne de la valeur sexuelle du choix d’objet à une mise en perspective de la logique du phallus qui permet d’aborder ensuite la logique réelle du fantasme.

German ARCE ROSS. Paris, 1999.

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