German ARCE ROSS, Milano, 1988, Paris, 2018.

Référence bibliographique (toute reproduction partielle, ou citation, doit être accompagnée des mentions suivantes) : ARCE ROSS, German, « Liberté d’amour dans le couple d’Abélard et Héloïse ? », Nouvelle psychopathologie et psychanalyse. PsychanalyseVideoBlog.com, Paris, 2018.

Texte paru in : ARCE ROSS, German, « À propos du livre de Davide LOPEZ et Silvia CORBELLA, Liberta e Amore, Boringhieri, Torino, 1986 », Ornicar ? n° 44, Revue du Champ freudien, Navarin, Paris, 1988, pp. 174-175.

L’étude de l’amour est-elle étude du couple ? L’amour est-il un simple rapport à deux ou cache-t-il une signification “occulte et oubliée”, dont le psychanalyste devrait, par son acte, restituer  le sens en réinventant sa force et sa valeur ?

Le livre de Davide Lopez et Silvia Corbella ne constitue pas un véritable travail analytique. Les auteurs se contentent de faire l’éloge de l’amour adulte et racontent, sans aucun esprit critique ni analytique, l’histoire des rapports de quelques couples fameux.

On trouverait, d’un côté, un état symbiotique, dépendant, infantile, immature et non libre, d’un autre côté, un état de réalisation de l’être, d’indépendance, de liberté, de maturation adulte et génitale. Ces deux moments se situent dans la conception d’un développement « libido-émotif », dont la phase la plus élevée serait celle de l’harmonie, de l’unité, de la volonté de puissance et du libre choix (dirigé par un « préconscient » à la place du Maître), dans le rapport de personne à personne.

Cette conception, qui place les auteurs aux côtés des théoriciens de la psychologie à deux personnes, est celle qui d’une idéalisation de l’amour contraire à la position de la psychanalyse. L’un des auteurs écrit d’ailleurs : « contre la psychanalyse kleinienne et en général contre la psychanalyse, donc contre l’identification réductrice de l’homme avec l’animal psychologique, j’ai pensé, expérimenté et développé le concept et le modèle de la personne et du rapport vrai, réel, du rapport personne-personne » (p. 46).

Examinant la connexion de la liberté et de l’amour, les auteurs essaient de définir, à travers la relation de personne à personne et « l’indéfectible sensibilité préconsciente » (intuition ?), le concept d’harmonie dans le rapport d’amour entre homme et femme. Mais comment parler de liberté quand on présente des personnalités aussi déterminées par des instances inconscientes passionnelles qui le poussent à la souffrance et à l’autopunition ?

Dans son analyse de l’histoire d’Abélard et d’Heloïse, Silvia Corbella, s’identifiant à la figure imaginaire (divine et pure), au rôle (féminin) et à la position (d’un amour désintéressé) d’Heloïse, reste aveugle à l’évidence de la jouissance perverse comme moteur dans la stimulation et le maintien de cette passion d’amour. L’auteur semble ne voir en Heloïse qu’une victime innocente de l’incompréhension égoïste d’Abélard.

Quant au trait, réciproque dans ce couple, du sentiment de culpabilité, du besoin d’autopunition et du désir de souffrance, que l’analyse pourrait éclairer, il n’a pas été du tout développé.

German ARCE ROSS, Milano, 1988, Paris, 2018.

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