German ARCE ROSS. Paris, le 22 novembre 2020

Référence bibliographique (toute reproduction partielle, ou citation, doit être accompagnée des mentions suivantes) : ARCE ROSS, German, « Hold up aux noms du pire et du complotisme identitaire », Nouvelle psychopathologie et psychanalyse. Psychanalyse Video Blog.com, Paris, 2020

A Hold Up in the names of the worst and of the identitary conspiracy

The French film Hold Up, very well conceived and produced in the style of Michael Moore’s reports (Bowling for Columbine, 2002; Fahrenheit 9/11, 2004), would may later be regarded as a historical document to remind us of what I call the names of worst, awakened during the health crisis of 2020.

This documentary presents, during its first hour and a half, concrete facts as well as some very interesting points of view, quite consensual and several questions that we can arise legitimately. However, during the second part, of an hour and a quarter more or less, we witness a succession of other irrelevant theses, this time exaggerated, fanciful or even extremist on the supposed inclinations and unspoken of Western governments. or the financial elites in the confused management of this crisis.

As psychoanalyst, faced with this documentary mixing quite acceptable elements with other extremists, whimsical and unacceptable, I wonder about the psychopathological and macropsychic data that this crisis and this film seem to manifest.

Is it fair to ask whether there is an unnatural origin of the virus? Can we prove the unnatural origin of the virus, if so?

Without imagining some conspiracy, can’t we ask ourselves if it was, for example, an accident during its manipulation in laboratory? Why are WHO and some Western governments so bent on the recommendations of Professor Raoult and his team when other countries are using it with good results? Hasn’t the pharmaceutical industry played a rather obscure role in this crisis, especially during the ill-fated Lancet article?

Don’t some doctors and politicians have real conflicts of interest between their missions in public health and their close links with the pharmaceutical industry? Would no government be tempted to take advantage of the health crisis to possibly abuse this unexpected power?

Does the health crisis not strengthen pharmacological and behavioral management of mental disorders to the detriment of psychoanalysis?

Are all these questions legitimate or do they only reinforce the fear of conspiracy? But then, if so, would asking questions and criticizing the management of the health crisis in itself be conspiratorial? If not, apologia of an unjustified conspiracy as much as the accusation of conspiracy, or the abusive insult of conspiracy, are they not precisely the means by which identitary jouissance is exercised?

In this text, my objective is to refer to the documentary Hold Up to quickly describe the system of morbid rationalism that manifests itself in the various identity conspiracies not only in this film, but also in large sectors of macropsychic life today.

Hold up en los nombres de lo peor y del conspiracionismo identitario

Es probable que la película francesa Hold Up, muy bien concebida y producida al estilo de los reportajes de Michael Moore (Bowling for Columbine, 2002; Fahrenheit 9/11, 2004), se considere más tarde como un documento histórico para recordarnos lo que llamo los nombres de lo peor (noms du pire), movilizados durante la crisis sanitaria de 2020.

Este documental presenta, durante su primera hora y media, hechos concretos así como algunos puntos de vista muy interesantes, bastante consensuales y varias preguntas que podemos legítimamente hacernos. Sin embargo, durante la segunda parte, de hora y cuarto más o menos, asistimos a una sucesión de otras tesis irrelevantes, esta vez exageradas, fantasiosas o incluso extremistas sobre las supuestas inclinaciones y secretos de los gobiernos occidentales o de las élites financieras en la confusa gestión de la crisis.

Como psicoanalista, ante este documental que mezcla elementos bastante aceptables con otros extremistas, fantasiosos e inaceptables, me pregunto por los disturbios psicopatológicos y macropsíquicos que se manifiestan en esta crisis y esta película.

¿Es justo preguntarse si puede existir un origen no natural del virus? ¿Podríamos probar el origen no natural del virus, si fuera así?

Sin imaginarnos ninguna conspiración, ¿no podemos preguntarnos si fue, por ejemplo, un accidente durante su manipulación en laboratorio? ¿Por qué la OMS y algunos gobiernos occidentales están tan empeñados en bloquear las recomendaciones del profesor Raoult y su equipo cuando otros países lo están utilizando con buenos resultados? ¿No ha jugado la industria farmacéutica un papel bastante oscuro en esta crisis, especialmente durante el desafortunado artículo de Lancet?

¿No tienen algunos médicos y políticos verdaderos conflictos de intereses entre sus misiones en salud pública y sus estrechos vínculos con la industria farmacéutica? ¿Ningún gobierno se sentiría tentado a aprovechar esta crisis sanitaria para posiblemente abusar de este poder inesperado? ¿No fortalece la crisis sanitaria el tratamiento farmacológico y cognitivo-comportemental de los trastornos mentales en detrimento del psicoanálisis?

¿Todas estas preguntas son legítimas o sólo refuerzan el miedo a la conspiración? Pero entonces, de ser así, ¿sería conspirativo hacer preguntas y criticar la gestión de la crisis sanitaria? En caso negativo, ¿no son tanto la disculpa de una conspiración injustificada como la acusación de conspiración, o el insulto abusivo de conspiración, el medio por el cual se ejerce el goce identitario?

En este texto, mi objetivo es referirme al documental Hold Up para describir rápidamente el sistema de racionalidad mórbida que se manifiesta en las diversas conspiraciones identitarias no sólo en esta película, sino también en amplios sectores de la vida macropsíquica actual.

Hold up aux noms du pire et du complotisme identitaire

Il se peut que le film Hold Up, très bien conçu et réalisé à la façon des reportages de Michael Moore (Bowling for Columbine, 2002 ; Fahrenheit 9/11, 2004), soit plus tard considéré comme un document historique pour nous rappeler ce que j’appelle les noms du pire, réveillés lors de la crise sanitaire de 2020.

Ce documentaire présente, pendant sa première heure et demie, des faits concrets ainsi que quelques points de vue très intéressants, assez consensuels et plusieurs questions que l’on peut se poser de façon légitime. Cependant, lors de la deuxième partie, d’une heure et quart plus ou moins, on assiste à une succession d’autres thèses hors sujet, cette fois-ci exagérées, fantaisistes voire extrémistes sur les supposées velléités et non-dits des gouvernements occidentaux ou des élites financières dans la gestion confuse de cette crise. 

En tant que psychanalyste, devant ce documentaire mélangeant des éléments tout à fait acceptables avec d’autres extrémistes, fantasques et inacceptables, je m’interroge sur les données psychopathologiques et macropsychiques que cette crise et ce film semblent manifester. 

Est-il permis de se demander s’il y a une origine non naturelle du virus ? Pourrai-t-on prouver l’origine non naturelle du virus, si c’était le cas ? Sans imaginer un quelconque complot, ne peut-on pas se demander s’il s’agit par exemple d’un accident lors de sa manipulation en laboratoire ?

Pourquoi l’OMS et certains gouvernements occidentaux s’acharnent à ce point contre les recommandations du Professeur Raoult et de son équipe alors que d’autres pays l’utilisent avec de bons résultats ? L’industrie pharmaceutique n’a-t’elle pas joué un rôle assez obscur dans cette crise, notamment lors de la malheureuse affaire de l’article du Lancet ?

Certains médecins et politiciens n’ont-ils pas des réels conflits d’intérêt entre leurs missions dans la santé publique et leurs liens si proches avec l’industrie pharmaceutique ? Aucun gouvernement ne serait-il pas tenté de profiter de la crise sanitaire pour abuser éventuellement de ce pouvoir inattendu ? La crise sanitaire ne renforce-t-elle pas la prise en charge pharmacologique et comportementale des troubles mentaux au détriment de la psychanalyse ? 

Toutes ces questions sont légitimes ou ne font-elles que renforcer ce que nous pouvons appeler la peur du complotisme ? Mais alors, si c’est ainsi, se poser des questions et critiquer la gestion de la crise sanitaire serait-il en soi complotiste ? Sinon, autant l’apologie d’un complot injustifié que l’accusation de complotisme ou l’insulte abusive de conspirationnisme ne sont-elles pas justement les moyens par lesquels s’exerce la jouissance identitaire ?

Dans ce texte, mon objectif est de me référer au documentaire Hold Up pour décrire rapidement le système de rationalité morbide qui se manifeste dans les divers complotismes identitaires non seulement dans ce film, mais également dans des larges secteurs de la vie macropsychique d’aujourd’hui.

Inconscient comploteur et vécu macropsychique

Art du complotisme

Une première question à retenir est qu’il ne faut pas avoir peur des simples théories conspirationnistes tant qu’elles ne sont pas incluses dans un système précis de pouvoir, de contre-pouvoir ou dans un projet politique organisé. Les thèses complotistes, candides, mélo-dramatiques, fantastiques, histrioniques, éblouissantes, ont leur charme et peuvent s’assimiler à des productions de science-fiction. 

Il y a en effet ainsi un art éprouvé du complotisme qu’il ne s’agit pas de criminaliser mais d’étudier. C’est le cas par exemple des théories sur les extraterrestres qui seraient parmi nous ou sur le fait que quelqu’un veuille devenir extraterrestre. Il y en a qui pensent que l’on ne naît pas extraterrestre mais que l’on peut le devenir. C’est scientifiquement faux, évidemment, mais c’est plaisant, amusant, éblouissant, de le croire.

Simone de Beauvoir avait également lancé l’idée loufoque qu’une femme ne naît pas femme mais qu’elle le devient, que l’on force certaines à le devenir contre leur volonté et qu’il y aurait un complot masculin contre le féminin (Arce Ross, 2014). C’est scientifiquement faux, évidemment, idéologique à souhait, mais c’est plaisant, amusant, de suivre ces idées comme si elles étaient une religion laïque en voie de radicalisation. Et beaucoup de gens y croient encore aujourd’hui, malgré le caractère faux et complotiste des théories de cet auteur.

C’est ainsi que partant d’une donnée fausse on peut créer une illusion artistiquement valorisée. Le faux n’est pas toujours le contraire de l’humain, surtout lorsque l’on conduit une recherche hystérique sur la vérité. Il en est même parfois son allié. Parce que l’être humain désire toujours croire à des choses fantastiques, légendaires, mythiques, ludiques, magiques, farfelues, éblouissantes, irréelles, mais qui le confortent et, paradoxalement, le rassurent. C’est par exemple le cas des rêves, des rêves éveillés, des illusions crépusculaires, des contes post-apocalytiques, de l’ésotérisme, de la pensée magique sur l’inconnu, des états pré-délirants ou des phénomènes hypnagogiques entre autres productions humaines.

Inconscient comploteur et complotisme macropsychique

L’une des raisons de cet état de faits est que l’inconscient est lui-même un Autre comploteur. Il complote toujours en produisant une subversion du sujet et conspire allègrement malgré la plus grande volonté ou réticence du sujet. Se faufilant entre les filets de la dialectique du désir, l’inconscient est toujours l’évasif (Lacan, 1964, p. 33). Et le résultat n’est pas si mauvais que ça, à condition que le sujet en analyse devienne en quelque sorte un sage complotiste de son inconscient comploteur. Au fond, donc, l’inconscient est un Autre conspirationniste qui subvertit profondément le sujet et s’évade pour reprendre son complot permanent si on ne l’écoute pas ; mais il n’est pas que cela.

L’inconscient est aussi, selon, Lacan un discours « transindividuel » — ce qui nous donne un premier aperçu de notre terme de phénomènes macropsychiques — et un discours qui a surtout à voir avec des blancs et des mensonges. À ce propos, Lacan affirme que « l’inconscient est ce chapitre de mon histoire qui est marqué par un blanc ou occupé par un mensonge : c’est le chapitre censuré. Mais la vérité peut être retrouvée ; le plus souvent déjà elle est écrite ailleurs. À savoir : dans les monuments [ou dans le corps hystérisé…], dans les documents d’archives aussi [souvenirs d’enfance…], dans l’évolution sémantique […], dans les traditions aussi [légendes de mon histoire] et dans les traces [sous la forme de distorsions du sens] » (Lacan, 1953, pp. 258-259). L’inconscient est ainsi le tissage historique des mensonges du vécu et forcément d’une vérité distordue, déjà écrite, complotant de façon subversive contre le sujet et trouvant une assise dans l’espace transindividuel, parfois même dans le macropsychique.

L’un des destins des superstitions, des croyances idéologiques ou des complotismes identitaires — ce qui est aussi l’un de leurs risques — est qu’ils deviennent collectifs et moteurs d’actions violentes contre une cible déterminée. On pourrait fallacieusement accorder une légitimé, toute imaginaire, à ces croyances complotistes par le simple fait qu’elles deviennent collectivisées, c’est-à-dire qu’elles soient suivies par un grand nombre. On pourrait se dire qu’une poignée de personnes peut se tromper mais qu’un large secteur de la société ne peut pas se tromper et que si elle le fait malgré tout, c’est très dangeureux. Le nombre confère une autorité mystérieuse, imaginaire, au pouvoir d’influence des opinions partagées comme si la majorité pouvait avoir toujours raison, au moins par la jouissance identitaire qu’elle dégage et transmet. 

Toutefois, si la majorité ou le grand nombre n’ont pas toujours raison, comment et où trouver la cause des événements collectifs catastrophiques tels que la crise sanitaire de 2020 ? Ne faut-il pas croire qu’il s’agirait quand-même de l’intention d’un groupe de gens riches et puissants œuvrant pour leurs propres intérêts ?

Eh bien, le fait que des grands dirigeants d’entreprises, tout comme des auteurs de science-fiction ou de jeux vidéos, aient conçu des scénarios catastrophe pour l’avenir n’est pas en soi une preuve factuelle de leur responsabilité ou de leur culpabilité supposées. Il n’y a pas, bien entendu, à se méfier des riches et puissants car, eux aussi, ont leurs tracas et sont eux aussi soumis à des angoisses équivalentes, bien qu’en partie différentes, à celles des gens communs. En outre, les riches et puissants effectuent souvent des sincères actions philanthropiques et de bienfaisance. Il n’y a aucune culpabilité en soi à être riche et puissant. 

La question des causes des superstitions ou des créations complotistes se situe, à mon avis, non pas dans l’action unifiée d’un groupe déterminé de gens, pour plus riches et puissants qu’ils soient, mais dans ce que j’appelle le macropsychique, c’est-à-dire dans une dimension que personne ne peut manipuler ni contrôler à sa guise. Le vécu macropsychique se définit par le fait qu’il existe bien une série de points communs de conjonction, ou de convergence, qui agglutinent et donnent sens à plusieurs inconscients particuliers en partage en fonction d’événements cruciaux de masse vécus en même temps.

Ces points communs de convergence — que l’on peut essayer parfois de situer comme étant le Zeitgeist et qui déterminent hic et nunc une masse en particulier —, constituent non pas un inconscient collectif dans le sens de la langue vivante dont parlait Lacan dans Le Sinthome (Lacan, 1975-1976, p. 133), non pas une psychodynamique de groupe, mais plutôt un sujet inconscient du lien de civilisation. Ce sujet macropsychique inconscient — qui n’appartient à aucun groupe en particulier — représente la convergence concomitante de plusieurs inconscients en une seule forme durable du lien de civilisation. Le problème est lorsque le tissu supplétif du lien de civilisation se défait et que les gens ont besoin de réponses, pourquoi pas complotistes.

Contre-pouvoir du complotisme

Une autre question est le fait qu’une assertion ayant une carence d’autorité peut facilement être assimilée à une théorie fausse et, pourquoi pas, à une théorie du complot. Par exemple, si tout le monde croyait fermement que la terre était plate, celui qui oserait dire le contraire pourrait bien, à l’époque actuelle, être accusé de complotiste. En revanche, une idée fausse si elle est inscrite dans un système d’autorité sera facilement acceptée comme une vérité. Ainsi, le Roi nu peut se balader devant la foule avec ses riches vêtements et ornements imaginaires que tout le monde forcément appréciera, ou en fera semblant, sans que personne ne veuille voir sa crue et pauvre nudité.

Le problème du complotisme — raison pour laquelle, d’ailleurs, on peut produire aussi une théorie complotiste sur n’importe quelle théorie du complot — se trouve dans le fait que le pouvoir en place le situe comme un contre-pouvoir. Et c’est à ce moment-là que le complotisme gagne en autorité et en légitimité par bannissement idéologique, censure identitaire ou persécution morale du pouvoir en place. Il devient paradoxalement important, contagieux et renforcé dans ses croyances parce que l’on le persécute et que l’on le censure sans lui apporter une parole vraie qui l’apaise.

L’accusation de complotisme peut aller trop loin, comme d’ailleurs Aldous Huxley en a fait l’expérience lorsque certains pays ont décidé de brûler son livre Le Meilleur des mondes (Huxley, 1932 ; Arte, 2020). D’une certaine façon, ou pourrait aussi accuser George Orwell — bien injustement, évidemment — d’être un théoricien complotiste ou plutôt un agent comploteur, c’est-à-dire de vouloir fomenter un complot avec ses livres La Ferme des animaux (1945, 1964) et 1984 (Orwell, 1949, 1950).

Sans doute, nous sommes parfois confinés dans des espaces clos, remplis de miroirs kaléidoscopiques où, dans la guerre identitaire que l’on subi, un adversaire accuse l’autre de développer des théories du complot tout en développant lui-même, à son tour, des théories du complot sur les théories du complot de l’adversaire. 

Avancer masqué et se méfier de l’intimité de l’Autre est devenu la règle, au point que l’on peut facilement supposer que n’importe qui nous cache un complot potentiel contre notre santé ou notre intégrité. Notre monnaie d’échange est devenue d’abord et surtout le complot contaminé de l’Autre qu’il s’agit d’éviter, coûte que coûte. Voilà, en termes réduits à dessein, notre vécu macropsychique obligeant l’opinion publique à choisir son camp identitaire et à devenir complotiste, même contre son gré.

Qu’est-ce que le complotisme identitaire ?

Ce qui est convenu d’appeler complotisme n’est qu’une version actualisée des anciennes superstitions, à savoir des anciennes croyances renouvelées — parfois développées en théories bien articulées et argumentées —, qui partent et restent dominées par des fortes émotions et des affects irrépressibles. Avec la différence, toutefois, qu’aujourd’hui le complotisme est devenu largement contaminé par le phénomène de la jouissance identitaire.

Dans le complotisme simple, nous avons une rationalité devenue morbide par le moyen d’un traitement extrêmement intellectualisé de l’angoisse de mort, de l’hystérisation catatonique ou des angoisses hypocondriaques et parfois de l’hypocondrie délirante.

Comme on vient de le dire, le problème est que la rationalité morbide du  complotisme est devenue une religion laïque d’État, globale et donc macropsychique dans le sens de communautariste, excluante de la différence et, pour cela, identitaire. Il y a une différence entre le complotiste, qui croit à l’existence non vérifiable de supputations d’un complot, et le comploteur, qui met en acte un véritable complot. Le complotisme identitaire est caractérisé par le fait que le complotiste est devenu aussi comploteur idéologique de ses adversaires. 

Complotistes comploteurs

La question importante de cette affaire documentaire est de se demander qui sont les véritables complotistes comploteurs. Sont-ils ceux qui suivent à la lettre les nouvelles idéologies liberticides comme le transhumanisme et le genrisme ou, au contraire, ceux qui les combattent ? Pour ceux rangés derrière la bonne parole du gouvernement Macron, les complotistes comploteurs seraient seulement ces derniers. C’est-à-dire seulement ceux qui s’expriment dans le film Hold Up, ceux qui défendent le Professeur Raoult et ceux qui se récusent à croire aux discours officiels de peur, de culpabilisation et de soumission. Jamais ne vient à l’esprit des ceux alignés à la version idéologiquement correcte de penser qu’ils peuvent eux-mêmes, malgré tout, véhiculer des complotismes officiels et devenir comploteurs sans le vouloir consciemment. 

Disons qu’il y a aujourd’hui deux formes du complotisme identitaire. D’une part, il y a un complotisme spontané à multifacettes, dont le rationalisme morbide s’organise en mosaïque à partir de positions hyper-émotionnelles dérivant parfois dans un mélange d’extrême droite et d’extrême gauche. D’autre part, néanmoins, il y a aussi un complotisme du discours officiel. Ces deux complotismes poussent tous les deux vers la jouissance identitaire. Pourquoi ? Parce qu’ils produisent tous les deux des noms du pire comme débouchés logiques du déclin des Noms-du-Père. 

Pour le discours officiel, le complotiste comploteur sera toujours l’Autre, celui qui ne se conforme pas aux « progrès » que l’on lui impose pour son bien et sa santé. Cependant, on ne se rend pas compte que le discours officiel, générateur du politiquement correct et du moralement néonormatif, est truffé lui aussi d’idéologies complotistes et parfois devient lui-même comploteur.

Complotisme et normes sociétales

À cet égard, la population d’innombrables pays du monde occidental a dû gober une série incalculable de nouveaux dogmes, tous très polémiques et tous saturés d’idéologie. Ces nouveaux principes moraux, que j’appelle du terme de normes sociétales, se sont construits par la supposition d’un préjudice qui aurait été causé par un complot de l’Autre traditionnel et de ses valeurs de civilisation.

Les normes sociétales dont je parle sont des nouvelles lois créées spécialement pour rétablir une justice supposée perdue par les communautés plaignantes et parce que les gouvernements ont peur des dérives que leur refus pourrait causer. Les normes sociétales sont le mariage identitaire, le changement de sexe, la PMA, la GPA, la légalisation des drogues, l’application de l’idéologie genriste à l’école et l’université, les lois liées au transhumanisme, etc. 

Le complotisme du discours politiquement correct peut également être décrit comme identitaire. Il cherche à s’imposer par une adhésion identificatoire, hyper-volontaire et extrêmement idéologisée sur le fait que ses participants se vivent comme des objets d’une injustice, d’un préjudice ou d’un complot non-identifié.

Les normes sociétales viennent ainsi tenter de réparer sociétalement, tenter de rétablir un peu de justice impossible à une partie des sujets se plaignant d’être des Objets d’un Complot Non-Identifié (OCNI).

Les normes sociétales apportent aux sujets OCNI un réconfort sociétal mais ils exigent d’eux une identification et une soumission massive à leurs modes de liberté encadrée. Une telle identification à l’esclave libéré par un nouveau maître, auquel pourtant il se soumet volontiers, possède le caractère principal de tous les autres modes d’expression de la jouissance identitaire. 

Des Noms-du-Père aux noms du pire

Toujours en marge du lien de civilisation, les croyances extrêmes, les superstitions et les sentiments complotistes injustifiés naviguent parfois dans la flotte des noms du pire. Il est indéniable que les noms du pire émergent et se renforcent là où les Noms-du-Père faiblissent, défaillent ou disparaissent. Les noms du pire, appartenant à la jouissance identitaire, sont le national-communisme, le fascisme socialiste, le national-socialisme, l’islamisme terroriste et, aujourd’hui, également le couple formé par le transhumanisme et la théorie du genre ou genrisme. Notons à ce propos que la crise sanitaire de 2020 semble dominée par les dogmes de la technologie transhumaniste qui s’épanouit dans le cadre néonormatif de l’idéologie genriste. 

Nous avons appris que la jouissance identitaire s’étend là où coexistent, avec la démocratie, les discours et les contre-pouvoirs à vocation extrême, violente et totalitaire. Comme on vient de le dire, pour cause de la faillite des Noms-du-Père depuis la première moitié du XXème siècle, ce sont les noms du pire qui n’ont cessé de les remplacer. Grâce à notre recherche commencée en 2015 (Arce Ross, 2020b), nous pouvons situer la jouissance identitaire dans trois grands ensembles de noms du pire.

D’abord, il y a le couple extrême gauche-extrême droite, où les deux partenaires ont plus de similitudes que des différences. Ensuite, il se trouve le terrorisme islamiste lequel est plus proche de l’extrême droite mais a parfois aussi des luttes communes avec l’extrême gauche. Nous l’avons vu dans ce que certains appellent l’islamo-gauchisme, par exemple. Enfin, on peut évoquer la figure extrême du genrisme qui fonctionne en tandem avec la technocratie transhumaniste. Or, nous savons que ces trois grands domaines comportent des idéologies clairement complotistes, communautaristes et identitaires.

Où peut-on situer le caractère complotiste dans le film Hold Up ?

Avant tout, il nous faut absolument clarifier une nuance importante. À mon avis, le film Hold Up n’a pas forcément une intention complotiste. Il procède, toutefois, par une récapitulation de la plupart des théories critiques et non officielles possibles sur la crise sanitaire. Le film va des positions les plus scientifiques et pertinentes à celles qui sont hors-sujet, invérifiables, fantaisistes et à teneur complotiste. Nous avons donc besoin d’établir une séparation claire entre ces deux classes de points de vue.

Nous avons dit que la première partie du documentaire Hold Up reste assez consensuelle et, en tout cas, acceptable car cela se construit, au départ, comme un film à thèse. L’idée est de s’indigner du traitement réservé aux travaux et aux positions des Professeurs Didier Raoult, Christian Perrone et autres médecins ne s’alignant pas sous les consignes du Conseil scientifique du gouvernement. Cela comprend aussi une critique des agissements de quelques instituts de recherche médicale, des laboratoires pharmaceutiques, éventuellement (on peut ajouter) du Conseil de l’Ordre des Médecins et surtout de l’Organisation Mondiale de la Santé. Jusque là, le film développe une thèse sur laquelle on peut être d’accord, ou pas, mais qui présente des faits avérés et vérifiables, nullement complotistes.

En effet, pour ne pas être complotiste, un essai ou un film n’est pas obligé de présenter les thèses de ses contradicteurs car on peut développer une thèse en affirmant uniquement ses propres arguments sans effectuer des analyses comparatives. C’est cela que le film Hold Up fait dans sa première partie, et c’est là où intervient le Professeur Philippe Douste-Blazy. Pour cela, celui-ci n’a rien à se reprocher. Il dit des choses très sensées qui n’ont rien à voir avec une apologie des thèses complotistes, comme par exemple que les autorités n’ont pas pris les bonnes décisions pour anticiper et gérer la crise sanitaire (Douste-Blazy, 2020). Voyons maintenant quelques uns des autres participants.

Le Professeur Christian Perrone est un médecin spécialisé dans les maladies tropicales et les maladies infectieuses émergentes. Grand soutien du Professeur Didier Raoult, Christian Perrone considère que les autorités politiques sont « dans l’instrumentalisation de la peur » malgré le fait que « la virulence du virus a baissé ». Et il ajoute : « ces tests-bidon sont en train de ruiner la Sécurité Sociale. C’est de la politique, ce n’est pas de la médecine, ce n’est pas de la science, franchement c’est un grand scandale sanitaire et politique » (France soir, le 13 octobre 2020). Concernant l’utilisation du masque, Christian Perrone affirme que « le masque est un bâillon, une muselière » et qu’on n’a « plus le droit de parler aujourd’hui » (Coutier, 2020). 

Interview de Christian Perrone par André Bercoff

Alexandra Henrion-Caude, généticienne, ancienne directrice de recherche à l’Inserm à l’Hôpital Necker est une catholique pratiquante. Très lucide et pertinente, Alexandra Henrion-Caude a le mérite de s’opposer avec fermeté et intelligence aux mesures de l’extrémisme transhumaniste telles que le mariage identitaire, la PMA et la GPA. Contraire au port du masque et au confinement, Alexandra Henrion-Caude a évoqué une possible manipulation humaine à l’origine du virus. 

Interview d’Alexandra Henrion-Caude par André Bercoff

De son côté, le philosophe, historien et psychanalyste Michel Rosenzweig est de confession israélite. Il s’insurge contre le port du masque, l’attestation dérogatoire pour le moindre déplacement et la fermeture du petit commerce de proximité. Michel Rosenzweig considère que nous vivons une sorte d’aveuglement massif concernant les mesures liberticides liées à la crise sanitaire.

Interview intégrale du psychanalyste Michel Rosenzweig pour le film Hold Up

De la même façon que Didier Raoult, Philippe Douste-Blazy, Alexandra Henrion-Caude ou Christian Perrone, plusieurs autres éminents médecins contestent la gestion de la crise sanitaire aussi bien que les hypothèses officielles sur l’origine du virus. Également, des sociologues, des penseurs, des philosophes et des psychanalystes, comme Michel Rosensweig, interrogent l’obligation du masque et le deuxième confinement. 

Malgré leur grande capacité intellectuelle et leur expérience indéniables, ces professionnels peuvent se tromper mais en aucun cas leurs points de vue pourraient être considérés comme complotistes. On n’a pas besoin de concevoir l’existence d’un complot et s’en plaindre pour pouvoir s’opposer à l’obligation du masque, aux mesures liées au couvre-feu ou au confinement et à la gestion générale de la crise par le gouvernement. Sinon, n’importe quel opposant de n’importe quel gouvernement pourrait être considéré également complotiste et persécuté pour délit d’opinion. Nous savons que c’était ainsi que l’Union soviétique s’occupait de ses opposants, c’est-à-dire en instrumentalisant la psychiatrie comme police de la pensée.

En vérité, ces professionnels de la santé et des questions sociales qui s’opposent au gouvernement apportent des arguments, des chiffres, des données vérifiables pouvant être parfaitement débattus et éventuellement critiqués mais jamais ils ne devraient servir de caution pour des attaques ad hominem. Au lieu de les écouter et éventuellement de leur opposer des arguments sérieux, on essaie malheureusement de les criminaliser.

Sans doute, on n’a pas besoin de se créer des théories du complot pour s’apercevoir que, dans certains cas, les laboratoires pharmaceutiques peuvent abuser de la commercialisation des médicaments pour augmenter leurs marges. Ceci est particulièrement vrai au moins dans le cas des psychotropes, des neuroleptiques, somnifères, anti-dépresseurs et anxiolytiques. Notre propre pratique en psychiatrie et en cabinet privée nous a démontré maintes fois ces procédés, aussi bien que la très grande dépendance des patients à ces produits. 

Le problème qui nous occupe ici est alors le fait que le discours officiel exerce une condamnation morale et un véritable harcèlement professionnel contre ces médecins ou érudits. Ils sont publiquement insultés comme étant complotistes, d’extrême droite, etc., et sont s’attaqués y compris par des procès avec l’objectif politique que leur réputation personnelle et la force de leurs critiques soient neutralisées. 

Complotisme de la nébuleuse extrême droite-extrême gauche

C’est surtout à partir de l’heure et demie, grosso modo, que le film bascule dans des séquences agitées et rythmées par une présentation qui peut être qualifiée à thématique complotiste. Notons que, dans cette deuxième partie, la cadence reste assez efficace et elle semble même s’emballer car le film tente encore plus de capter l’attention rationnelle et surtout émotionnelle du spectateur. Toutefois, les thèmes traités à partir de ce moment n’ont plus rien à voir avec ceux de la première partie. Malgré tout, le spectateur est coopté à intégrer l’idée que, comme on dit lorsque l’on manque d’arguments consistants, « tout est lié », « on nous cache la vérité » ou « on ne nous dit pas tout » voire « on est victime d’un complot ». Ce sont des points de vue simplets mais d’une efficacité redoutable lorsque le spectateur est émotionnellement mobilisé par l’incompréhension, l’incertitude, l’indignation.

C’est là qu’interviennent en direct ou que l’on reprend une parole, exposée ailleurs, de personnages véhiculant des thèses extrêmes. Pour donner un aperçu, nous en choisissons seulement trois : une personnalité d’extrême droite, une autre d’extrême gauche et un idéologue du transhumanisme extrême.

Nous avons d’abord Valérie Bugault, avocate fiscaliste ayant une tendance marquée à l’extrême droite (Lebourg, 2018). Elle a notamment collaboré avec TV Libertés qui est une chaîne YouTube liée au Front national (ancêtre du Rassemblement national, extrême droite) et actuellement dirigée par un ancien cadre du Bloc identitaire (mouvement d’extrême droite). Évidemment, le seul passage dans une émission de TV Libertés ne fait pas d’une personne quelqu’un d’extrême droite, mais plutôt  le fait de collaborer régulièrement avec les activités de ce média.

En accord avec cette position idéologique, Valérie Bugault attaque, dès qu’elle peut, avec véhémence, les institutions bancaires et dénonce sans retenue ce qu’elle appelle le « Gouvernement mondial ». Voici ce qu’elle dit à ce sujet. « Les financiers, véritables responsables politiques, imposent ainsi leurs intérêts catégoriels aux populations en toute impunité. Ces grands détenteurs de capitaux opèrent à partir de leur quartier général de la City et répartissent leurs forces dans les paradis fiscaux qui ont fleuri aux quatre coins du monde. […] Les “banquiers-commerçants” ont construit leur puissance au fil des siècles par le contrôle des monnaies et des “lois”. Ils ont élaboré, via le droit des affaires, un archétype mondial de Société sans ordre moral. […] Peu à peu, le modèle impérial anglo-saxon génère, partout dans le monde, un glissement vers l’esclavagisme légal. Il ne reste plus aux banquiers qu’à parfaire leur œuvre en instituant officiellement un gouvernement mondial dictatorial » (Bugault, 2019). 

Comme on peut l’apprécier, les propos de cette idéologue d’extrême droite, Valérie Bugault, semblent être extraits d’un discours de n’importe quel leader d’extrême gauche, tel que Jean-Luc Mélenchon par exemple. Ce type de complotisme, issu du mariage identitaire entre extrême droite et extrême gauche, a choisi son coupable idéal : le système financier anglo-saxon et les banquiers. Dans la même logique de ces propos, comme beaucoup de gens d’extrême gauche ou d’extrême droite, Valérie Bugault a écrit des articles critiquant fortement la politique de Donald Trump (Bugault, 2019), en avançant le fait qu’il n’était pas assez radical à ses yeux.

Ensuite, nous pouvons faire référence à une sociologue d’extrême gauche, Monique Pinçon-Charlot, ayant travaillé comme Directrice de recherche au CNRS et alliée de Jean-Luc Mélenchon jusqu’en 2012. C’est ainsi qu’elle a souvent attaqué, avec beaucoup de hargne, comme Valérie Bugault, les politiques de François Fillon, Emmanuel Macron et Donald Trump. Par la suite, toujours appartenant à l’extrême gauche sociale et écologiste, Monique Pinçon-Charlot se présente aux élections législatives de 2017 avec l’appui du PCF (extrême gauche).

Cette idéologue communiste, appartenant à une faction radical-écologiste, développe, depuis quelques années déjà, l’idée d’un « holocauste climatique », « holocauste écologique » ou « crime contre l’humanité relevant de la Cour pénale internationale » dont serait coupable une oligarchie mondialisée « fondée sur le système capitaliste » (Pinçon-Charlot, 2020). Et c’est en suivant sa logique que, dans le documentaire Hold Up, elle affirme à nouveau sa thèse candide et prédélirante de la lutte des classes en ces termes : « il s’agit d’une tentative d’holocauste des pauvres par les riches lesquels veulent tuer 3 milliard et demi de pauvres gens devenus inutiles pour eux » (Barnérias, 2020).

Fidèle au communisme délirant et complotiste qui prône l’existence de classes et leur lutte à mort, Monique Pinçon-Charlot rationalise aussi sa haine des riches dans son livre La Violence des riches (Pinçon-Charlot et Pinçon, 2014). Le problème est que, depuis plusieurs décennies et en partant de l’embourgeoisement des ouvriers et artisans, aussi bien que de l’émiettement progressif desdites classes sociales, de nombreux chercheurs en sociologie s’opposent à l’utilisation de la notion idéologique de classe (Mendras, 1988).

Les théories de Monique Pinçon-Charlot désignant un coupable abstrait, indéterminé et non vérifiable, appartenant à une notion idéologique et irréelle telles que les classes sociales ou la lutte de classes, ne laisse aucun doute quant à leur caractère complotiste et identitaire. Cela fait de cette idéologue un sujet OCNI. Évidemment, certains développent d’autres notions également abstraites, indéterminées, invérifiables et irréelles, telles que les genres, les races ou la lutte des races, sauf que ces dernières sont en général communément acceptées pour le moment.

La rhétorique complotiste de Monique Pinçon-Charlot sur le système capitaliste, la lutte des classes ou les riches qui tuent les pauvres pour leur voler de l’argent est également développée par d’autres idéologues reconnus. Nous avons par exemple le philosophe Alain Badiou, lorsqu’il considère que les attentats terroristes des islamistes sont dûs au système capitaliste (Badiou, 2016). Ou l’idéologue Slavoj Zizek qui, d’une part, développe une philosophie psychotique selon laquelle le système capitaliste produirait un complot apocalyptique contre le peuple et, d’autre part, défend « une théorie de la violence rédemptrice » (Gray, 2013).

Nous voyons donc qu’entre les thèses de Valérie Bugault, à tendance d’extrême droite, et celles de Monique Pinçon-Charlot, d’extrême gauche, il y a une concordance et une convergence assez évidentes. Cette convergence d’idées n’est pas étonnante puisque, comme le dit si bien Pierre-André Taguieff, « au XIXe siècle, la vision conspirationniste de l’Histoire s’est développée aux deux pôles de l’espace politique, dans la pensée révolutionnaire comme dans la pensée contre-révolutionnaire » (Taguieff, 2011). En cela, le réalisateur de Hold Up ne s’est pas trompé, il a associé les deux. Mais il a aussi ajouté, entre autres participants à cette deuxième partie du film, un représentant extrémiste du troisième nom du pire qui compléterait le caractère complotiste de ce documentaire. Le troisième nom du pire, dont le représentant dans le documentaire est Laurent Alexandre, serait le couple transhumanisme-genrisme.

Complotisme du transhumanisme technocratique

Laurent Alexandre est un transhumaniste par dénégation qui développe des thèses extrémistes sur le sujet dans son lien avec les produits du genrisme. Hyper-progressiste, très proche de l’extrême droite, grand défenseur de la PMA et de la GPA, et pro-mariage identitaire, il a écrit aussi de textes où il développe, selon Gaïa Lassaube, des positions racistes, eugénistes et complotistes (Lassaube, 2019). Il rencontre plusieurs fois Marine Le Pen, pour participer aux réunions de cette dernière, est habitué à intervenir dans l’Institut des sciences sociales, économiques et politiques (ISSEP), l’école de commerce de Marion Maréchal, et participe du Club de l’Horloge (extrême droite ; Trippenbach, 2020).

Laurent Alexandre prône un capitalisme cognitif et comportementaliste où les scientifiques et les intellectuels devront prendre le pouvoir pour construire une technocratie transhumaniste. Dans son capitalisme cognitiviste, ce seront les plus malins qui auront le pouvoir et les bénéfices au détriment des gens « inutiles » qui ne comprendront rien au transhumanisme vainqueur. Les premiers sont appelés par Laurent Alexandre « les dieux ou les winners » et les seconds, les Gilets jaunes, seront selon lui « les inutiles ou les losers » (Alexandre, 2019). Laurent Alexandre se considère lui-même, dans la même conférence, « un horrible élitiste ». S’agit-il d’une sortie ironique, sarcastique ou bien d’un aveu cynique et pathétique ?

Les principes de ce nouveau système totalisant sinon totalitaire se fonderaient sur ce qu’il est convenu d’appeler le NBIC, soit les nanotechnologies, la biotechnologie, l’informatique et le cognitivisme, c’est-à-dire le transhumanisme technocratique. De son côté, le transhumanisme extrémiste de Laurent Alexandre aurait comme objectif de nous couper de la nature et de faire que notre corps devienne un ordinateur, un robot sans corps ni désir (Besnier, 2009, 2012) mais à l’intelligence artificielle.

Il s’agit d’un projet de pouvoir qui peut tout à fait convenir aux nouveaux totalitarismes opérant une combinaison entre transhumanisme et théories du genre ou genrisme. Ce n’est pas pour rien que Laurent Alexandre est devenu conseiller du gouvernement Macron et du discours officiel, néo-normatif et dit idéologiquement correct.

Un complotisme identitaire des démocraties occidentales

Victimisation macropsychique

De nos jours, le complotisme identitaire des démocraties occidentales passe par la création de nouvelles identités idéologiques, en termes de classes, de races et de genres, qui s’appuient d’abord sur la victimisation et la sacralisation des sujets supposés atteints par un préjudice irréaliste et non vérifiable. 

La victimisation débute dans le contexte d’une peur massive due à un danger concret ou supposé. Les angoisses et les phobies qui se développent par la suite peuvent être reliées à une ruine financière à large échelle, aux changements climatiques, à une série de catastrophes naturelles ou à une crise sanitaire comme celle du Sida pendant les années 80 ou celle du Coronavirus en 2020. Notons que chaque danger concret produit inévitablement des multiples autres dangers potentiels ou supposés, dont certains complètement fantasques ou prédélirants. Pour comprendre la victimisation macropsychique, nous pouvons évoquer quelques phénomènes assez récents.

Par exemple, pendant les années 80, on a érigé l’identité idéologique du Gay — différente de l’homosexuel classique — comme victime idéale du Destin, d’abord, et de la société soi-disant « hétéronormée », ensuite. C’était le premier pas pour croire que l’être Gay était bien la victime d’une méchante société hétérosexuelle qui comploterait contre lui et qui lui réserverait la place de l’objet sacrifié devant l’autel du Sida. Ceci s’est produit en réaction à la peur, de la même façon que la conversion à une religion, ou l’adhésion fanatique à une idéologie, est déjà en soi une réponse psychologique rationnelle, morbide, sensitive, devant un profond sentiment de peur, d’étrangeté et de perplexité face à un danger occulte et mystérieux.

Cependant, l’identité Gay n’est pas la seule qui a été inventée pour réagir pathologiquement aux dangers naturels ou sociaux. On a vu une myriade de nouvelles identités redéfinies en termes de minorités victimes, comme les islamistes, les suprémacistes, les femmes pseudo-MeToo, les racialistes, les transsextraterrestres, les faux migrants, les genrés, les transanimalistes, etc. L’identitaire victimaire est une tempête océanique qui déforme durablement le lien de civilisation en attisant la haine de soi pour tous.

La radicalisation, sous une forme victimaire, du rationalisme morbide des sujets idéologisés se trouve également présente dans les groupes sexidentitaires et panféministes comme Femen. Ainsi, l’auto-proclamée « sextrémiste » Oksanna Chathcko « a tellement écrit des messages de protestation contre une injustice sociale — dont elle estimait que d’autres femmes en étaient les victimes — sur sa propre peau dénudée, qu’elle a finit par s’identifier à La victime justicière de toutes les autres. Elle agissait ainsi comme une sainte christique, comme une Justicière sociétale, avec sa couronne d’épines et de fleurs sur la tête, en prêtant volontiers sa souffrance pour expier celle de toutes les autres » (Arce Ross, 2018 ; Arce Ross, 2020b).

Nous avons dans cette même veine, « le profond ressentiment » de Piotr Pavlenski qui « se fait La victime qui souffre pour toutes les autres et conteste, montre plus que démontre, sur son propre corps les stigmates de cette infâme injustice » (Arce Ross, 2020a). Sinon, pour d’autres hurluberlus c’est même la langue qui serait victime d’un complot au masculin que personne n’aurait jamais identifié jusqu’alors et proposent une écriture complotiste dite « inclusive », de la même manière que les membres de l’État Islamique se sentent profondément victimes d’un terrible et incompréhensible préjudice perpétré par l’homme occidental.

Complotisme des théories du genre et haine identitaire

La victimisation active le rationalisme morbide du sujet OCNI qui fait passer ainsi un accident naturel, une situation exceptionnelle ou historique, un événement cyclique non intentionnel ou un état banal mais inattendu de l’existence humaine vers la valeur d’un énorme préjudice moral et sensitif contre sa personne. Par la suite, ce processus mental se répand, se collectivise, transsubjectivement, sous la forme d’une exigence fanatique et histrionique, pour obtenir une justice bien incapable de réparer un complot inexistant.

Cependant, comme la peur force le respect, la victime idéologique se voit incarner pour la mentalité macropsychique de l’époque l’aura d’une grande peur qui mérite une immense soumission expiatoire. Pour reprendre l’un de nos exemples, l’incarnation du respect de l’être Gay par la terrible peur du Sida fait élever celui-ci à la dignité d’une entité sacrée.

Nous passons ainsi de la victimisation d’une nouvelle identité forgée par la peur à la sacralisation de l’être Gay, lequel exigerait implicitement des offrandes sociétales pour calmer sa rage de mort éventuelle. Les offrandes sociétales aux victimes Gay, sacralisées pour un préjudice du Destin, seraient les normes sociétales, c’est-à-dire le mariage identitaire, la PMA, la GPA, etc.

Dans cette même identité de victime tombent les femmes panféministes, les anciens blessés du manque d’autorité, les croyants d’une transmission de l’état d’esclave de leurs ancêtres, les êtres flagellés par un complot diffus. Ils deviennent aux yeux des autres tous des saints OCNI, des êtres sacrés de la jouissance identitaire qui exigent des mesures sacrificielles et celles-ci exigent l’indication d’un objet de sacrifice, d’une cible expiatoire.

En effet, la sacralisation de la victime sociétale impulse l’identité d’une cible expiatoire, c’est-à-dire l’indication d’un coupable qui aurait fomenté un tel complot contre la victime sacrée. En l’occurrence, partant des années Sida et de ses ravages, le comploteur idéal à l’origine du préjudice supposé devient l’hétérosexuel qui, de par l’identité sociétale que l’on veut lui coller, serait indiqué pour attirer le ressentiment et la haine des minorités sexuelles. Malheureusement, quelques femmes radicalisées et panféministes ont aussi contribué activement à l’enracinement de ces préjugés complotistes contre l’homme hétérosexuel. Ainsi, Oksanna Chatchko, par exemple, avant de suicider pour ses troubles identitaires, est convaincue de « l’hypocrisie de la société et des hommes » (AFP, le 24 juillet 2018).

Autrement dit, la terrible peur devant le Sida ou devant d’autres catastrophes macropsychiques fait naître, de manière complotiste mais implicite, l’identité coupable de l’hétérosexuel, comme d’autres le font du « Patriarcat », du « système capitaliste », des « Juifs », de « l’Occidental tyrannique contre l’Islamiste », des « Blancs héritiers des hommes esclavagistes », de ceux qui écrivent avec une « écriture non inclusive ». Il s’agit de préjudices supposés qui forcent à la croyance dans un complot indéterminé et qui poussent à la vengeance exemplaire contre un Autre forcément méchant.

Ce complotisme implicite est largement partagé aujourd’hui par la société médiatique dite « progressiste » et ne cesse de devenir monstrueux à cause du complotisme idéologique, cette fois-ci explicite, des théories du genre. On ne doit plus s’étonner, à ce propos, si entre les années 90 et le début du XXIème siècle les hommes hétérosexuels ont commencé à présenter d’énormes troubles réactionnels dont certains carrément violents, notamment contre les femmes et bien souvent contre eux-mêmes.

Comment se construisent les complotismes identitaires ?

De ce qui précède, nous pouvons maintenant situer plus clairement les étapes successives de la construction des idéologies complotistes appartenant à l’univers si diversifié de la jouissance identitaire.

Crainte d’un danger réel ou supposé

Tout d’abord, il se trouve que le sujet éprouve, d’une part, une crainte parfois très déstabilisatrice devant un danger réel ou supposé et, d’autre part, des angoisses devant la défaillance du désir et du libre arbitre des pulsions qui s’ensuit. Ces craintes et angoisses sont encore plus difficiles à maîtriser si le sujet n’est pas habitué à gérer ce genre de situations d’urgence sociale ou de catastrophes naturelles, capacité qui devraient avoir les hommes politiques et ceux qui exercent une fonction de direction ou d’autorité.

Nous savons que la vie politique par exemple est parsemée d’alliances forcées, mésalliances abruptes, trahisons, retournements, inimitiés privilégiées et forcément complots effectifs ou suspicions complotistes justifiées ou injustifiées. Rois, Empereurs, Dictateurs, Guides de révolutions, Petits pères des peuples, Grand timoniers, Führers, Caudillos, Comandantes ou simples Présidents de la République se sont toujours inquiétés de ces possibles manoeuvres derrière leurs dos. On sait que certains d’entre eux ont vécu toute leur vie politique avec des inquiétudes et des angoisses plus ou moins justifiées mais souvent rationalisées à l’extrême, comme c’était par exemple le cas du « gouvernement de Louis Napoléon Bonaparte [qui] a toujours craint les complots » (Poncier, 1999).

Une telle crainte injustifiée peut prendre des proportions gigantesques lorsque l’on est travaillé depuis longtemps par la perte et que l’on court le risque effectif de perdre quelque chose de précieux, comme un grand amour ou l’enivrement du pouvoir. En effet, tant dans la jalousie amoureuse, pathologique ou délirante que dans l’exercice d’un pouvoir pour la réalisation d’un projet très ambitieux auquel le sujet est intimement identifié, l’inquiétude d’un danger émergeant par surprise peut gâcher le plaisir du projet. La théorie du complot peut, dans ces conditions, se former comme une rationalisation exagérée du danger et, à ce titre, la crainte précède toujours le complot. 

Victimisation pour cause d’un préjudice réel ou supposé

Partant des craintes et des angoisses d’un danger réel ou supposé, le sujet peut ensuite constater ou imaginer les contours d’un préjudice qu’il aurait subi. Ce préjudice supposé oblige le sujet à vivre comme s’il avait un statut lourd et permanent de victime, c’est-à-dire comme si le préjudice était consacré à sa personne et était spécialement dirigé contre lui.

Dans la victimisation, le statut de victime, qui devrait être le plus éphémère possible, devient au contraire un état pérenne et un moyen d’obtenir une jouissance supplémentaire, malsaine et souvent inédite. La notion de l’assomption du processus de victimisation, en tant que réaction macropsychique à un danger réel ou supposé mais collectivement incubé et entretenu, est capital pour comprendre la jouissance identitaire. 

Radicalisation et sacralisation du statut de victime

Il y a, en revanche, une déconnexion totale, à peine visible au départ mais de plus en plus importante, qu’établit le sujet victime vis-à-vis du danger initial. Il s’agit d’une déconnexion vis-à-vis du danger par laquelle le sujet effectue une intégration ou plutôt une incorporation du préjudice comme constituant de sa vie psychique sous la forme d’une identité factice. Un tel processus mène inéluctablement vers l’hyperidéalisation, vers la radicalisation et vers une sacralisation par les autres de sa nouvelle identité de victime.

Comme effet collatéral, c’est surtout le sentiment d’injustice devant un préjudice supposé, bien que non identifié par la victime, qui lui permet d’acquérir une aura d’admiration et de respect par son entourage et par sa communauté d’identification lorsqu’il en a une. Ce sentiment de haut respect, proche du sentiment religieux et par identification hystérique, est l’équivalent détourné du tabou causé par une crainte diffuse devant le sacré, devant la mort.

Identification d’un coupable expiatoire 

Le problème est que le sentiment para-religieux des idéologies victimaires, à savoir la sacralisation identitaire du sujet supposé souffrir d’un complot non identifié, exige un culte d’expiation, un  procès expiatoire, qui requiert à son tour l’utilisation d’un coupable idéal.

En effet, la sacralisation identitaire de la victime et de son culte expiatoire orientent de préférence sa recherche vers un coupable chez des figures telles que les hommes, les hétérosexuels, les blancs, les occidentaux, les riches, les puissants, les gouvernants, les élites financières ou les entités abstraites d’autorité ou de domination sur lesquelles sont projetées l’instabilité émotionnelle aussi bien que les plus grandes craintes des victimes supposées. 

Haine de la cible expiatoire et désir de vengeance 

Comme il n’est pas toujours facile de cerner le coupable ni de le capturer dans les filets idéologiques de la longue cérémonie expiatoire, surgit un désir de vengeance qui utilisera tous les moyens possibles et occupera tous les espaces à disposition pour se satisfaire. La victime abusera ainsi de la diffamation à grande échelle, de la cooptation idéologique de l’opinion publique, des meures de censure et d’autres manœuvres d’intimidation à travers les médias ou les réseaux sociaux. 

Le désir de vengeance devient alors une jouissance autour d’actes s’assimilant à des tentatives de fomenter, créer et animer à son tour un véritable complot contre la cible expiatoire, laquelle est considérée, avec foi inébranlable et détermination fanatique, comme étant le coupable ou le représentant de la méchanceté supposée.

Création et collectivisation de l’identité victime et de la jouissance identitaire

C’est l’incorporation de la haine du coupable supposé qui fait, par rétroaction, exister l’agent de la haine vindicative et identitaire, à savoir la victime et son aura, comme acteur principal d’un nouveau tissage intersubjectif ou macropsychique.

Dans cette nouvelle façon d’interagir, où la victime d’un préjudice devient son propre justicier, il y a forcément l’extraction d’une jouissance inconnue jusqu’alors. Elle n’est ni strictement sexuelle ni totalement corporelle ni encore spécialement féminine. Il s’agit d’une jouissance obtenue par l’identité factice que le sujet s’est fabriqué. Il s’agit du gain de jouissance prélevée à la jouissance que la victime suppose au coupable imaginaire. 

Un autre aspect et une autre source de la jouissance identitaire se trouve dans sa tendance à la collectivisation. Cela veut dire que le renforcement de l’identification à la communauté des victimes supposées passe par le développement d’un fort sentiment d’injustice sociétale par contagion. 

Cela est possible parce que, premièrement, le sujet principal projette les craintes et les angoisses, qu’il éprouve devant un danger réel ou supposé, aussi bien que la valeur émotionnelle du préjudice, sur la communauté à laquelle il s’identifie. Deuxièmement, parce que, parallèlement, d’autres sujets, travaillés par le même Zeitgeist, le font tout autant. Ils le font au point que, troisièmement, la communauté d’appartenance, dans son ensemble idéologique, finit par produire inconsciemment l’image idéalisée et surmoïque de La Sainte victime du préjudice supposé.

Fabrication d’une idéologie identitaire sur le complot originaire 

L’esprit de groupe se retourne sur lui-même et crée forcément un esprit collectif, une personnalité communautaire, une mentalité macropsychique. Cette mentalité passe par l’établissement de théories rationalisées pour répondre au sentiment propre à la communauté, à savoir le fait d’être victime d’un préjudice qui demeure pourtant obscur. C’est alors le début de toute sorte de théories sur l’origine de la communauté et sur ce qui fonde le lien identitaire de chaque membre aux autres. Sans doute, dans bien de cas, ces théories peuvent mener à la fabrication d’un complot originaire.

En acquérant un caractère extrême et radical, avec un puissant pouvoir de manipulation mentale et sentimentale, les théories du complot originaire s’agglutinent en une idéologie dense et tentaculaire. Autrement dit, les superstitions devant l’inconnu, couplées à un profond ressentiment subjectif, intersubjectif ou macrosubjectif, passent à être des idéologies identitaires par leur caractère fanatique et communautariste sur un complot originaire. Celui-ci est alors le Nom-du-Pire qui les a engendré tous comme membres de la communauté des Saintes victimes.

Ceci dessine, à mon avis, un totalitarisme non pas par la contrainte mais par la jouissance, à la mode des fictions de Huxley et Orwell. Il ne s’exerce pas seulement contre la cible expiatoire mais également, ce qui est apparemment surprenant, contre les Saintes victimes elles-mêmes. C’est un totalitarisme de jouissance identitaire vraiment pour tous.

N’oublions pas, comme je l’ai dit en 2013, que les idéologies identitaires radicalisées ne sont que les pensées, les croyances, les sentiments et les intentions du cochon totalitaire d’Orwell dans l’exercice de son propre complot contre ses adversaires. Au fond, qui complote ? Que ce soit du côté des gens d’extreme gauche, d’extrême droite, des islamistes, des transhumanistes ou des genristes, celui qui complote c’est toujours l’Autre de la jouissance identitaire. Méfions-nous donc de ce petit gentil cochon qui nous fait vénérer pareille aliénation complotiste.

German ARCE ROSS, le 22 novembre 2020

Bilbliographie

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